LPJA   Pépinière Plantes Carnivores "rustiques"   

Description:

Darlingtonia californica est une magnifique plante spectaculaire qui ne laisse personne indifférent. Originaire des montagnes du nord de la Californie et d'Oregon , c'est une vivace à feuilles vertes plus ou moins persistantes qui peuvent mesurer jusqu'a un mètre de haut (60 cm étant une bonne moyenne). Elles poussent, en tournant sur elles mêmes de 180° environ, à partir d'un étroit rhizome horizontal pourvu de racines fibreuses. La plante produit facilement de nombreux stolons végétatifs qui peuvent être utilisés pour la multiplier lorsqu'ils sont suffisamment munis de racines.

C'est l'extrémité du piège qui fait l'attraction de la plante: elle ressemble à un serpent prêt a attaquer ce qui lui a valu son surnom de "plante cobra". Très globuleux et coloré de rouge, elle possède une ouverture vers le bas et de nombreuses ocelles transparentes qui laissent entrer la lumière. L'extrémité est pourvue d'un appendice producteur de nectar en forme de langue fourchue ou de queue de poisson.

Des hampes florales, très hautes, portent au printemps une fleur unique rouge et verte retombante au "parfum de melon pendant la journée" (Schnell). La morphologie des fleurs empêche l’autogamie et favorise une pollinisation croisée bien qu'une pollinisation manuelle donne malgré tout des graines viables. Jusqu'à ce jour, les pollinisateurs de darlingtonia californica n'ont pas été encore identifiés avec certitude malgré les nombreuses observations réalisées in-situ.

 Attraction-Capture:

Les insectes sont attirés par l'odeur agréable du nectar de l'appendice ainsi que par les couleurs de la plante. La lumière, diffusée par les aréoles du capuchon, les encouragent a pénétrer à l'intérieur du piège. Le bord enroulé de l’ouverture provoque la chute de la proie dans l'ascidie où des poils, dirigés vers le bas, interdisent toute remontée. De toute les façons, les insectes volants qui voudraient sortir de l'urne, cherchent en vain la sortie vers le haut qui est rendu lumineux grâce aux ocelles. Ils finissent par tomber d'épuisement!

Un liquide, à la composition inconnue mais stérile jusqu'à ce qu'un insecte tombe, semble assurer la digestion des proies. Les squelettes et les parties dures des insectes (pattes, ailes, chitine) ne sont pas digérés et restent au fond de l'urne où ils vont s'entasser. La quantité de liquide augmente au fur et a mesure des captures. 

Culture:

Bien que darlingtonia californica soit peu sensible aux maladies, sa culture est plus délicate que celle de Sarracenia et dionaea. Ces plantes vivent en altitude au bord des ruisseaux avec les racines qui sont en permanence rafraichies par l'eau d'écoulement et n'apprécient pas trop les fortes chaleurs.

Le meilleur substrat de culture semble être la sphaigne vivante, au moins sur les 2 tiers supérieurs du pot. Le reste étant composé de substrat standard. La principale difficulté est de conserver les racines le plus au frais possible. Cela est réalisable en utilisant de très grands pots (20 cm minimum) et en cultivant en été la plante à mi-ombre ou en évitant le soleil de l'après midi. Des arrosages quotidiens avec de l'eau fraiche (froide) seront appréciés par les racines. Il est également possible de mettre en place un système d'arrosage automatique des racines.

Les plantes peuvent être cultivées à l'extérieur toute l'année, elles ne craignent pas le gel ni la neige. Les petites potées devront être cependant préservées du froid en hiver dans une serre froide ou à l'aide d'un paillage. Comme pour les autres espèces de plantes carnivores, la culture sur soucoupe ou bac rempli d'eau de pluie est indiquée pour apporter un maximum d'humidité.

C'est la plante idéale pour une tourbière artificielle .

 Multiplication:

Les rempotages et les séparations des stolons ont lieu à la fin mars/début avril à la reprise de la végétation. Plus tard dans la saison la survie n'est pas évidente. Darlingtonia n'apprécie que modérément que l'on touche au "rhizome principal", il vaut mieux éviter de le diviser. Lors d'un rempotage, il est préférable de conserver une grande partie de la motte principale.

La multiplication de la plante est réalisée en séparant les stolons que la plante produit facilement. Ils font souvent plusieurs fois le tour du pot avant de sortir avec de nouvelles feuilles. S'ils ont suffisamment de racines , il suffit de les couper en conservant, si possible, le substrat qui les entourent et de les replanter dans un nouveau pot rempli de sphaigne vivante. Un peu d'hormones de bouturage sur la partie souterraine du stolon facilitera la production de nouvelles racines.

La reproduction par graines est possible mais il faut patienter 5 à 6 ans pour obtenir des jeunes plantes. La fécondation peut se réaliser facilement à l'aide d'un coton tige ou d'un petit pinceau. Renouveler l'opération plusieurs fois par jour pendant plusieurs jours. Une pollinisation croisée donnera, en principe, beaucoup de graines viables. Après la fécondation, la fleur perd ses pétales et se redresse. Les graines se récoltent lorsque la capsule est mure, au début de l'automne. Elles doivent être obligatoirement stratifiées 4 à 5 semaines avant le semis sur tourbe pure ou sphaigne vivante. Comme pour les plantes adultes, il faut éviter de trop toucher au système racinaire. 

A retenir:

- privilégier les récipients en plastique ;

- utiliser les pots les plus grands possibles, pour une plante adulte, 45 cm de diamètre;

- éviter de toucher au système racinaire d'un pied adulte;

- ne pas hésiter a arroser la plante par le dessus l'été, elle n'aime pas trop la chaleur s'il n'y a pas d'eau fraiche au niveau des racines.

Arrosage 

Il est souvent indiqué dans la littérature carnivore que Darlingtonia californica, la spectaculaire « plante cobra », affectionne particulièrement un courant d’eau au niveau de ses racines. Comme il n’existe pas dans le commerce de dispositif permettant de réaliser cette circulation d’eau, je vous propose une idée de réalisation que vous pourrez adapter à vos besoins.

 La base de départ est un bac à réserve d’eau que j'ai reconverti, sans changer ses propriétés, en système permettant d’assurer cette circulation d'eau. Le principe est de récupérer l'eau qui se trouve dans la réserve du fond du bac et, à l'aide d'une pompe, de l'injecter au niveau des racines de la plante grâce à une rampe de diffusion. La réalisation est assez facile, rapide, sans utilisation d'outillage spécifique, peu onéreuse et ne demande pas, à priori, un sens aigu du bricolage.

Le cœur du dispositif, hormis le bac, est une pompe pour aquarium ou petit bassin, associée éventuellement à un programmateur.

Choix des éléments du bac à eau

Bac : pour des raisons d’esthétique un bac « Riviera » est idéal mais peut présenter un inconvénient non négligeable (voir plus loin). Dans l’exemple, le bac mesure 35 cm de coté et 27 cm de hauteur. On trouve ce genre de bac en toutes dimensions, coloris et formes. Ils sont solides, légers, résistent bien aux chocs, possèdent une jauge et généralement un bouchon permettant leur vidange. La séparation du fond doit être amovible. Lorsque le bac est opérationnel, rien n’est visible, si ce n’est le cordon d’alimentation de la pompe. L’inconvénient cité plus haut se situe justement au niveau de la pompe :

en cas de défaillance, comme elle est placée sous le substrat, il sera nécessaire de vider le bac et de dépoter la plante. Rassurez-vous, les pompes pour aquarium, sous réserve de ne jamais fonctionner sans eau, sont très fiables, endurantes et ne nécessitent pas d’entretien particulier.

Pompe à eau : choisir un modèle 220 volts, à débit réglable de 0 à 1000 litres/heure environ (option non obligatoire), et bien sur immergeable. Préférer si possible le modèle le moins encombrant et le plus compact. Elle devra dans tous les cas pouvoir s’insérer dans l’espace du fond.

 feutre géotextile (vendu au mètre dans les magasins de bricolage, rayon matériaux ou jardineries) à poser sur la cloison qui sépare la partie bac de la partie réserve d’eau afin d’isoler au mieux de toutes particules le compartiment du fond et donc la pompe. Les tuyaux et coudes sont des conduits électriques en PVC collés avec de la colle spéciale pour les conduites PVC d’évacuation de l’eau. Le programmateur est un modèle classique du commerce, réglable de 1/4 d’heure en 1/4 d’heure.

La pompe, placée sous la cloison de séparation amovible, est isolée des particules de substrat à l’aide d’un feutre géotextile. Elle réinjecte l’eau au niveau souhaité grâce à une rampe de diffusion multi jets. Le niveau de l’eau doit être surveillé afin que la pompe ne fonctionne pas sans eau. La présence d’une jauge, d’origine ou ajoutée, est donc indispensable.

Les embouts, fixés sur la rampe, doivent être dirigés vers les racines. Afin d’éviter qu’ils ne se colmatent avec des particules de substrat, il est souhaitable de placer de la sphaigne dans le flux de rejet plutôt que de la tourbe.

Les tuyaux et embouts en PVC peuvent être remplacés par du tuyau en plastique ou en caoutchouc. Les rayons "arrosage et/ou bassins de jardin" des grandes surfaces de bricolage ou animaleries vous fourniront tout le matériel nécessaire pour l’adapter à vos besoins.

Je ne sais pas s’il est préférable de laisser l’eau couler en permanence (pendant la belle saison) ou d’effectuer des cycles (1/4 d’heure toutes les 2 heures par exemple). Des essais doivent être réalisés. Nous pourrons utiliser dans ce cas un programmateur électrique classique sans problème.

Dans la variante ci-dessus, la pompe est placée dans un compartiment situé à coté du bac de culture. La maintenance de la pompe est plus aisée mais de tels bacs devront être réalisés par vos soins car ils ne sont pas disponibles dans le commerce.

  L   P    J   A